mardi 8 mars 2016

Réflexion autour d'un déjeuner...

Je viens d'avoir une conversation avec l'un des artistes que j'admire le plus au monde. Je réalise la chance qui est la mienne de pouvoir parler, échanger avec une personne qui a dévoué des heures et des heures de son temps, de sa vie, à un art qui aujourd'hui me touche, me transporte.
Lors de notre dernier déjeuner, il me disait : "Je suis là, assis dans mon petit atelier, à faire ce que je fais depuis des années et je me dis parfois qu'il doit y avoir autre chose, que la vie ne peut pas être que ça… Pourtant je continue, mais chaque jour, j'ai au moins une fois l'idée, l'envie, d'abandonner… De retrouver le soleil, d'être en extérieur, de respirer. Enfin, de respirer…"
Je le regarde et je vois, alors que je l'écoute, tout ce que j'aime de son travail et je réalise ce qu'il en a coûté de patience, de temps, de fatigue, de persévérance et à quel point, en dépit de tout ce travail, ce n'est pas la paix qui est au bout, mais plus de questions, plus de doutes…
Puis il me dit : "Je vois tellement de talent autour de moi. Avec Internet, ce talent, tout cet art, me saute à la figure… et je me sens tout petit…"
Que dire. Que si lui se sent si petit, comment devrais-je me sentir ?...

Sans doute est-ce là une conversation et des mots que j'aurais pu entendre si j'avais eu la chance de déjeuner avec Beethoven, Coltrane, Einstein ou Michelange… Il n'y a pas de bout, pas d'arrivée, pas de repos… Le travail appelle le travail et l'artiste est appelé à travailler. Ce n'est pas qu'il n'a pas le choix, mais c'est la mission qu'il se donne. Il y a ce besoin qui surpasse tout le reste. Avec la nécessité chaque jour, chaque heure, de résister à l'envie d'abandonner, de résister à la résistance…


Il y a cette grandeur chez l'Humain. Ce besoin de se donner à son œuvre. La force de ne pas renoncer. L'humilité de ne pas se contenter du résultat. La grandeur d'avancer sans savoir où cela mène, ni même pourquoi il est nécessaire d'avancer !

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