mardi 8 septembre 2015

Des musiciens castrés aux entrepreneurs d'aujourd'hui…

Les industriels travaillent à un monde maîtrisé et sécurisé. Leur travail est de s'assurer de la pertinence de process rigoureux qui une fois optimisés permettront de générer des profits sans cesse croissant. Si un seul élément échappait à leur contrôle, et ce sont tous ces profits qui s'en trouveraient menacés. Pour un industriel, il est vital de tout maîtriser. L'objectif est de polir, de peaufiner ces process et de les entretenir, aussi longtemps qu'il est possible.
Pour un artiste, c'est l'inverse. Pas de peaufinage. Pas de process qui se puissent répéter pour garantir le succès. Ces deux mondes sont en opposition.
Lorsque les deux entre en collusion, cela donne la musique classique, qui est une musique que les industriels (une certaine vision du monde partagée à cette époque...) ont dépouillé de sa dimension artistique pour la rendre immobile, tout juste sujette à interprétation de la part des musiciens.
Mais cela n'a pas toujours été ainsi. Jusqu'au 18ème siècle, la musique que nous appelons classique aujourd'hui s'appelait musique tout  court ! Et les musiciens improvisaient. Il n'y avait pas de partitions pour tout le monde et les musiciens mémorisaient les thèmes (on parle de grille aujourd'hui, on parlait alors de cadences) et la musique était libre. Elle appartenait autant au compositeur qui ne faisait que donner des pistes d'exploration qu'au musicien qui tenait un vrai rôle dans ce jeu.
Puis on a décrété que la musique devait appartenir aux compositeurs. Qu'il la fallait figée pour jamais. On a pris les partitions de Mozart, Bach, Beethoven, auxquelles il manquait toutes ces parties improvisées et on en a fait des monuments, des œuvres que rien ne devait plus altérer… et la musique classique est devenu ce que nous connaissons d'elle aujourd'hui , une musique d'initiés…
Au même moment, on décide aussi de ne plus enseigner l'improvisation dans les conservatoires. On décide sciemment de ne plus apprendre le langage spontané de la musique, le plus beau de tous, pour concentrer le pouvoir sur le compositeur et ceux qui le financent…  Ainsi, plus de risque d'altérité, de pulsions, de jeu, de joie… Juste la musique, un rien d'interprétation, c'est tout.
Contrôler.
Le jeu des industriels.
Contrôler la partition pour priver les individus de leur pouvoir. Pour briser l'envie d'improviser, de jouer, de déborder !
La créativité des musiciens leur est arrachée. Seule leur sont laissées les miettes de "l'interprétation".
C'est dans ce système que nous sommes nés. Et les dégâts, s'ils sont apparent en ce qui concerne la musique classique le sont tout autant dans d'autres domaines.
Bien sûr, au même moment où le vieux continent enfermait ses musiciens, les États-Unis découvrait le Jazz, musique improvisée par excellence…

Des deux continents, l'un est innovant à l'excès. L'autre moins...

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