vendredi 20 septembre 2013

Les ratés et les Rolex...

J’entendais ce matin la phrase devenue célèbre de Jacques Séguéla : «  Tout le monde a une Rolex, quand on n’a pas de Rolex à 50 ans, c’est qu’on a raté sa vie ! »

Au delà du fait qu’une telle affirmation est du plus parfait grotesque, je voudrais revenir sur cette notion de « rater ».

C’est une façon bien particulière de voir les choses que de considérer qu’il est une bonne manière de mener sa vie et qu’il en est de mauvaises. Ainsi, il existerait une échelle qui permettrait de définir ce que sont une vie réussie et une vie ratée.
Pour M. Séguéla, cette échelle se mesure en quantité de Rolex à votre poignet. Plus cher et coûteuse votre montre, plus votre vie a de sens et mérite le qualificatif de réussie... Ceux qui portent une Swatch, la cinquantaine passée apprécieront.

Cette notion de raté, de manqué, vous empêche d’aller de l’avant. La peur de rater, de manquer, de passer à côté ne peut que vous rendre triste, insatisfait et découragé.

Mais il y a pire, cette appréciation portée sur votre propre performance a en général un pendant assez lugubre qui est celui de considérer que si vous êtes en train de rater, d’autres sont en train de réussir. Lorsque vous entendez que réussir sa vie, c’est porter une Rolex, ce n’est pas le regret de ne pas avoir de Rolex qui vous saisit (qui s’en soucie vraiment), mais c’est le fait de savoir que d’autres en portent, avec tout le luxe qui l’accompagne. Cette peur de passer à côté de quelque chose, la même que celle qui saisissait l’adolescente ou l’adolescent que vous étiez : toujours l’impression que quelque chose de mieux se passait ailleurs... Toujours ailleurs...

Il n’y a pas d’ailleurs. La joie, le plaisir ne se trouvent que dans l’instant présent, ici et maintenant, dans cette pièce, là où vous vous trouvez et qu’importe ce qui se passe ailleurs, qu’importe la Rolex à votre poignet.

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