mercredi 13 avril 2011

Communiquer, ce n’est pas gaver les oies…

Nous avons beau vivre à une époque où les outils de communication sont légions, nous avons toutes les peines du monde à nous faire entendre et comprendre.

Il y a plusieurs raisons à cela. Ces vingt dernières années, les équipes de Najberg Milne n’ont cessé de poser les mêmes questions aux managers de grandes entreprises européennes :

1/ Durant vos carrières respectives, quel est le pourcentage des présentations professionnelles auxquelles vous avez assisté, qui vous aient donné l’envie d’y assister à nouveau ? (Réponse : 2%)

2/ Quel est le pourcentage des présentations professionnelles auxquelles vous avez assisté, durant lesquelles votre attention a fini par dériver vers d’autres préoccupations ? (Réponse : 98%)

3/ Selon vous, quelle est la proportion moyenne des informations que vous retenez à l’issue d’une présentation professionnelle ? (Réponse jusqu’il y a 3 ans : 30% ; depuis lors : 25%)

Conséquence de ce « sondage » réalisé au fil du temps : si vous dirigez une entreprise, et que vous souhaitez organiser une journée de séminaire avec 200 de vos collaborateurs, vous prenez tout simplement le risque de jeter 150 journées de salaire par la fenêtre ! (C’est le coût du temps passé à ne pas s’écouter : voir les 25% cités précédemment.)

Comment en sommes-nous arrivés là ?

Nous avons perdu de vue que l’entreprise, pour exister, ne peut pas se contenter de produire de l’information ou de générer des données. L’entreprise ne peut pas se contenter de lancer ses messages au petit bonheur sans s’assurer qu’ils sont bien entendus.

Pourtant, nous sommes ensevelis et abrutis par les données en question. Nous n’en tirons que peu de sens et nous nous éparpillons en permanence, à tout vouloir traiter. Les messages se brouillent, les objectifs se contredisent tandis que la confusion s’installe et avec elle, le doute, la tension, le stress...

Les chiffres cités plus haut et qui concernent les présentations professionnelles illustrent bien ce phénomène. Les réunions, les conférences et les soutenances sont indispensables au fonctionnement d’une organisation, mais encore faudrait-il savoir comment les rendre efficace, ce qui n’est que trop rarement le cas. Résultats : des salles entières de collaborateurs qui piquent du nez, des réunions dont ils ne sort rien, des entretiens qui ne laissent aucun souvenir, si ce n’est celui de la frustration.

Pourtant, on pourrait imaginer les choses autrement.

Imaginer des réunions, conférences et soutenances devenus des moments si palpitants qu’ils soient attendus avec impatience. Imaginer qu’aux premiers mots d’un orateur, nous soyons littéralement captivé et qu’à l’issue de son intervention, non seulement notre opinion sur le sujet traité aient changé, mais que nous soyons tous convaincu qu’il est temps d’agir dans le sens qu’il nous a suggéré...

Imaginer que toute prise de parole soit conçue comme une démonstration dont le but est de toucher l’auditoire, de le convaincre, de l’inspirer, de le motiver, de le rassurer, de lui faire comprendre quelque chose (au lieu de se contenter de lui « transmettre de l’information »).

Dans cette perspective, la parole revêtirait une singulière puissance, n’est-ce pas ?

Cette qualité de parole est de l’ordre du possible. Mais cela s’apprend.